pétition pour la sortie de Voyages en têtes étrangères
Voyages en têtes étrangères : un film unique, politique et nécessaire.
Un concept inédit : quand la science-fiction rencontre la lutte sociale
Voyages en têtes étrangères (long métrage | fiction |réalisé par Antonio Amaral) est un objet filmique singulier. Hybride, il mêle science-fiction et contexte de lutte sociale. Le film raconte l’histoire d’aliens venus du cosmos et exilés sur terre, greffés à des corps humains. L’un s’incarne dans un homme blanc de classe moyenne, raciste et individualiste ; un autre est greffé à un militant malien sans-papiers en lutte. Ce geste narratif donne naissance à une fable à la fois onirique et politique, qui inscrit la science-fiction dans le champ de l’engagement social.

Rompre l’invisibilité des sans-papiers par la fiction
C’est là toute la singularité du film : Voyages en têtes étrangères est le seul long-métrage de fiction qui donne à voir la lutte des collectifs de sans-papiers. Trop souvent réduits au statut de « victimes » ou de demandeurs d’asile, les sans-papiers apparaissent ici comme des acteurs politiques à part entière, revendiquant leurs droits. Le film dénonce ainsi la contradiction d’un État de droit qui place des milliers de personnes dans une zone d’exception où l’universalité des droits cesse de s’appliquer.

Les risques liés à un cinéma indépendant et radical
La naissance du film relève presque du défi. Né en plein confinement, inspiré notamment par une manifestation interdite de sans-papiers le 30 mai 2020 à Paris, le projet a été tourné en marge des circuits institutionnels. Ni CNC, ni subventions publiques, ni fonds européens : Amaral choisit l’autoproduction, s’appuyant sur la solidarité militante. Ce geste radical a impliqué de nombreux risques : financiers bien sûr, mais aussi politiques et humains, tant les conditions de tournage, dans l’ombre et parfois dans l’hostilité, étaient difficiles.
Une reconnaissance internationale, un mur en France
Malgré plus de 45 sélections en festivals internationaux et une vingtaine de prix et mentions (meilleur long métrage, meilleure réalisation, meilleur acteur, meilleur son…), le film reste privé de sortie en salle. Un paradoxe révélateur : à l’étranger, Voyages en têtes étrangères est salué comme une œuvre audacieuse et puissante, tandis qu’en France, il se heurte au mur de l’invisibilisation qui frappe la cause qu’il choisit de mettre en lumière.

Des projections-rencontres pour ouvrir le débat
Face à ce blocage, Antonio Amaral et son équipe envisagent un autre chemin : organiser des projections accompagnées de discussions, en présence des collectifs de sans-papiers qui ont participé au film. Ces rencontres seront l’occasion d’un échange direct avec le public, militant, non militant, cinéphile ou non… afin de redonner visibilité et voix à celles et ceux que les médias dominants tiennent à l’écart.
Un public potentiel bien réel
Le film a un public naturel : militants associatifs, sympathisants des luttes sociales, spectateurs sensibles aux conditions d’exploitation et d’absence de droits des travailleurs sans-papiers. C’est ce même public qui a largement accueilli le film L’histoire de Souleymane. Mais là où ce dernier s’inscrit dans un registre de compassion envers un demandeur d’asile, Voyages en têtes étrangères franchit un pas supplémentaire : il montre les sans-papiers comme sujets politiques, au cœur d’un combat collectif.

Une portée politique claire
L’invisibilisation des luttes n’est jamais neutre. Redonner place aux collectifs de sans-papiers dans l’espace culturel, c’est aussi fragiliser les discours de l’extrême droite, qui prospèrent sur l’effacement de leurs réalités.
Conclusion : un appel à soutenir la diffusion
Dans une France traversée par les débats sur l’immigration et les droits, Voyages en têtes étrangères se présente comme une œuvre indispensable : exigeante, dérangeante, mais profondément nécessaire. Soutenir sa diffusion en salle, c’est soutenir à la fois un geste artistique audacieux et un acte politique fort.

- août 26, 2025